5.10 Buried

J'ai longuement hésité à chroniquer cet épisode parce que, contrairement à Ju et sa méthode scientifique, je n'avais rien de différent à raconter que les autres. Et je me dis qu'à force de regarder de l'excellente télévision en ce moment (mon intégrale de The Wire ou Orange Is The New Black par exemple), je suis un peu à court d'adjectifs pour accumuler les louanges et l'admiration béate risque de rendre mon blog de moins en moins personnel. Oh, je pourrais m'amuser à critiquer The Newsroom ou me replonger dans Dexter pour équilibrer la balance mais je n'ai pas que ça à foutre non plus. Alors bon, au final, je ne résiste pas à l'envie de "Buried" car c'est un épisode qui le mérite et que merde, j'ai chroniqué chacun des épisodes de la série, ce serait con de s'arrêter aussi près de la ligne d'arrivée. 


"Buried" est un épisode qui donne la part belle aux personnages féminins et je vais en faire autant. En commençant par Skyler, celle qu'une certaine partie assez insupportable des fans de la série continuent de détester (j'ai beau lire milles débats à ce sujet, je ne comprends toujours pas cette haine hors de proportions) et qui se retrouve ici à la croisée des chemins. Elle y était littéralement dans je ne sais plus quel épisode mais là, c'est pour de bon l'heure de choisir, lors de ce rendez-vous avec un Hank qui a mal préparé son coup et se laisse un peu trop emporter par le choc de sa récente découverte. Skyler peut soit saisir cette occasion pour échapper à ses problèmes en appelant un avocat (pas Saul, bien entendu) et en faisant un deal avec Hank. Soit garder le silence et renforcer sa position de complice en misant sur le cancer de son monstre de mari. Au vu de la complexité du personnage et du mystère qui insuffle Anna Gunn depuis l'an dernier, les deux options étaient possibles et c'est la deuxième qui l'emporte. 

Ce qui nous entraîne à un face à face qui dévoile une nouvelle facette de Marie. Contrairement à son mari, (qui, doit en plus de l'aspect familiale, gérer l'aspect professionnel de la découverte) cette dernière parvient à mieux lire dans le silence de sa soeur. Elle a grandi avec elle et est la personne qui la connait le mieux dans la série, ce qui donne enfin au personnage toue l'importance qu'il mérite. Et nous rappelle que, de toute façon, Gilligan et sa team ne laissent aucun de leurs personnages sur la touche en terme d'évolution et de complexité. Ce qui nous amène à une baffe totalement justifiée et à une scène déchirante où cette pauvre Holly se retrouve bien malmenée (pendant que son frangin est probablement quelque part en train de savourer un énième petit-déjeuner). La semaine dernière, je pensais vraiment que Hank avait des preuves mais on découvre qu'il n'a finalement que des suspicions. Ce qui complique l'affaire et rend possible ces deux scènes merveilleuses, où Anna Gunn, Betsy Brandt et Dean Norris se taillent la part du lion. 


Continuons d'évoquer ces dames avec Lydia, dans une scène incroyablement bien orchestré où les particularités du personnage servent une nouvelle fois à nous surprendre. On peut s'amuser devant les manières de Lydia et oublier un moment à qui on a affaire. Mais on nous rappelle très vite que derrière ses chaussures et sa peur du sang, la demoiselle ne déconne vraiment pas. Tout comme Todd, probablement le personnage le plus flippant à la télévision, qui garde sa gueule de Landry et ses bonnes manières, mais pourrait bien être avec sa fratrie de nazis la pire menace qu'Heisenberg ait connu (et ne soupçonne probablement pas ou alors pas encore). Toutes ces armes et la ricine sont-ils destinés à affronter ce danger imminent ? L'avenir nous le dira. 

Pour l'instant, Walt a d'autres préoccupations. Se débarrasser de l'argent pour commencer. Après le duo Badger/Skinny Pete, on a cette semaine le droit à Huel/Kuby pour la minute de légèreté où l'on mesure de nouveau à quel point l'univers de la série est dense et sa galerie de personnages, mêmes secondaires, parfaitement incarnée. Bon, il est difficile de croire que, avec le cancer de retour, Walt puisse tenir toute une journée sous le soleil du Nouveau-Mexique à creuser un énorme trou dans le désert. Et difficile à concevoir tout son plan élaboré pour retenir sa cachette alors qu'un papier/crayon auraient suffi. Mais que voulez-vous, rien que pour la beauté de la réalisation, je suis prêt à oublier ça et applaudir l'exercice de style (la réalisation est un point fort de la série mais là, ils font vraiment fort, dès la scène d'ouverture).


C'est marrant car on nous rappelle à plusieurs reprises à quel point Walt est un monstre et pourtant, ça fait longtemps qu'on ne l'avait pas vu aussi humain. Que ce soit dans sa détresse en quittant le garage de son beau-frère, dans son manque de précision lorsqu'il récupère son argent dans le van ou, bien sûr, lorsqu'il s'écroule dans la salle de bains et confesse à Skyler qu'il est prêt à se rendre afin que le fruit de son dur labeur soit bien versée à sa famille. Il est impossible de savoir si Walt est sincère lors de cette déclaration mais le doute est bien là. Et ça faisait longtemps. Peut-être que le retour du cancer a cet effet sur lui. Peut-être que non. Il est de toute façon trop tard pour lui chercher des excuses. Mais pas trop tard pour le rendre encore plus complexe. 

De son côté, Jesse continue de déprimer sans dire un seul mot et il est temps que ça s'arrête. Il est temps qu'Aaron Paul nous propose autre chose et que Jesse reprenne le devant de la scène. Rien de tel qu'un petite face à face avec Hank pour lui délier la langue et peut-être, avoir un nouveau duo en perspective. Si Hank s'y prend avec moins de maladresse que Skyler, le prochain épisode devrait vraisemblablement sortir Jesse de son silence, je n'en doute pas. 

On peut imaginer ce que l'on veut d'ici la semaine prochaine ou s'amuser à regarder l'émission Talking Bad (rien de vraiment excitant, je préfère vous prévenir). Quoi qu'il arrive, je vois mal comment les choses peuvent se terminer dans la joie et la bonne humeur...

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