Après deux mois consacrés presque uniquement à Cheers et Mad Men, me voilà de retour avec d’autres choses à vous dire sur d’autre séries. On vous concocte actuellement avec Gibet un bilan très complet de la cinquième saison de Louie et probablement un nouvel épisode de ma série Young Dylanesque. En attendant que l’été arrive et que je prenne le large, voyons-voir ce qui se passe sur mon écran et dans ma tête en ce moment.
Cheers S04E01 à S04E08
Peut-être que je suis en overdose après avoir dévoré aussi rapidement la troisième saison. Peut-être que le final de celle-ci, avec sa longue dream sequence guimauve, m’a coupé l’appétit. Peut-être que, tout simplement, et ça arrive à de nombreuses sitcoms au bout d’un moment, Cheers traverse avec cette poignée d’épisodes un passage à vide. Sauf que des épisodes, il m’en reste 200 à regarder et là, j’ai presque envie de ralentir ma course. La série n’est pas devenue mauvaise soudainement, sa formule est juste moins surprenante et du coup, je commence doucement à m’ennuyer. C’est normal avec une sitcom me direz-vous mais, jusque là, les scénaristes étaient parvenus à nous offrir de belles variations sur les même thèmes en exploitant leurs personnages avec créativité. Ce que j’ai vu pour l’instant de la quatrième saison est bien plus paresseux.
Prenez le season premiere par exemple, « Birth, Death, Love and Rice » qui se débarrasse rapidement de la mort de Coach pour le remplacer à la va-vite par un Coach du pauvre. Un p’tit gars de la campagne bien gentil et doucement idiot mais sans l’once de la dimension émotionnelle que possédait son prédécesseur. Woody, le personnage incarné par un très jeune Woody Harrelson, va bien entendu – en tout cas je l’espère – devenir bien plus que ça durant le reste de son parcours dans la série mais pour l’instant, c’est un peu léger comme introduction de perso, surtout en comparaison avec celle de Frasier Crane un an plus tôt. Je m’attendais d’ailleurs à voir le psychiatre rejoindre les rangs du casting pour de bon mais il apparaît toujours en guest-star occasionnelle pendant que sa chère Diane revient jouer les serveuses et entretenir son amour vache avec Sam. Le petit jeu de ces deux-là a perdu pas mal de fraîcheur et leurs confrontations ne me font plus beaucoup d’effet tellement c’est vu et revu (l’histoire d’argent de « I Will Gladly Pay You Tuesday »). Et pendant ce temps là, Carla poursuit ses aventures sentimentales (un « 2 Good To Be 4 Real » en pilotage automatique) et le duo Norm/Cliff sont en mode comic-relief sans reliefs et sans véritable dimension dramatique à désamorcer.
Je ne reproche pas à Cheers de se répéter. Je lui reproche de le faire sans trop d’efforts et sans s’embêter de mélanger les tonalités comme elle a pu le faire si bien auparavant. Quand les choses sont drôles, on tombe dans la farce assez grossière. Quand elles sont tristes, on tombe dans la guimauve. Où est l’équilibre ? Est-ce que, comme je le prédisais dans ma récente review, Coach l’a emporté avec lui dans la tombe ? Peut-être qu’une pause me fera du bien.
Community S06E13
Je n’en démordrais pas : les cinq premiers épisodes de cette sixième saison étaient ceux qui m’ont le plus emmerdés dans Community, quatrième saison incluse. On en parlait la dernière fois avec Gibet : aucun rythme, des scripts navrants, des acteurs qui ont du mal à faire semblant de s’amuser et un cynisme très mal dosé. Depuis, Dan Harmon et son équipe sont peu à peu remontés dans mon estime, en particulier avec leurs trois derniers essais. L’épisode du paintball était divertissant, celui du mariage intelligent, drôle et touchant. Et ce final, tout ça à la fois. Triste surtout. Je ne pensais pas que Jeff et compagnie étaient toujours capable de me faire ressentir autant d’émotions. Les multiples renaissances de la série et sa baisse de qualité m’avait complètement fait oublié l’amour que j’ai pu porter à ces personnages par le passé. L’an dernier à la même époque, je m’en tapais comme d’une vieille chaussette si je refoutais plus jamais les pieds à Greendale. Là, j’ai pas envie d’y refoutre les pieds parce que je suis heureux de quitter les lieux avec un épisode aussi réussi.
Comme au bon vieux temps, le méta est utilisé au service des personnages plutôt qu’à l’occasion d’un gag poussif ou d’un concept foireux. Et la voix de Dan Harmon se refait entendre avec générosité, humanisme et clarté, sans avoir besoin de jouer les victimes ou de nous pondre un script boursouflé. Tout est fluide dans ce series finale – oui appelons le ainsi je vous en prie – qui réussit l’exploit d’exploiter tout le monde correctement – même Chang qui était juste bon à péter finalement ! - et d’avoir un rythme convenable. Ce n’est pas assez pour me faire oublier la torture que fut certains épisodes diffusés depuis 2013, mais assez pour que je sois sincèrement ému et qu’une nouvelle porte se ferme sur ma jeunesse. Ce qu’elle est dur pour mon petit cœur cette saison télé. Ce que j’aimerais suivre Abed à Los Angeles mais ce que je suis coincé comme Jeff. Ce que tout cela était juste et touchait dans le mille. Du Dan Harmon de qualité en somme. Merci vieux et sans rancune. Arrêtes toi là, je ne vois pas comment tu peux écrire une épitaphe plus parfaite.
Halt & Catch Fire S02E01
Je n'ai qu'une parole : n'ayant pas du tout aimé le pilote, j'avais tout de même déclarer que je finirais la première saison en guise de consolation après la fin de Mad Men. C'est ce que j'ai fait : lors d'une longue et douloureuse semaine de mai, je me suis tapé dix épisodes d'une série vachement inégale. Les défauts que je reprochais aux débuts d'Halt & Catch Fire ont mis du temps à être corrigés et, en attendant, il a fallu supporter toute la grandiloquence du jeu de Lee Pace et de son personnage tout droit sorti du "manuel du bon petit-héros pour série du cable prétentieuse". Il a fallu supporter le symbolisme lourdingue utilisé pour accompagner la déprime de Gordon. Et voir les scénaristes tomber dans tout les panneaux du genre sans parvenir à donner vie à des personnages pantins aux actions encore plus prévisibles qu'un plan machiavélique de Joe McMillan. Pourquoi je me suis infligé ça ? Parce que je suis un croyant. Je crois à l'amélioration d'une série, à une trajectoire qui se rectifie au bout d'un moment. C'est souvent ce qu'il y a de plus gratifiant à la télé : voir quelque chose de médiocre trouver peu à peu son rythme, sa raison d'être, ses forces.
Et quand le trio principal a commencé à agir comme des humains, quand un peu d'humour est apparu à travers la froideur ultra stylisée, quand le récit s'est recentré sur la naissance et l'échec créatif du Giant, j'ai enfin pu passer de bons moments. Du S01E07 au S01E09, les choses étaient même franchement excitantes, surtout avec une Donna reliée enfin au reste de l'action et prouvant qu'elle était mille fois plus intéressante que les autres. Au début, tout le monde espérait révolutionner le monde informatique avec un ordinateur portable révolutionnaire et au final, ses créateurs ont réalisés que leur machine était pas forcément si géniale, que l'important était ailleurs. Une vraie métaphore de la manière dont évolue Halt & Catch Fire, jamais aussi intéressante que lorsqu'elle arrête de jouer la maline et se fait plus modeste. Hélas, le season finale était un désastre, enchaînant des situations rocambolesques sorties de nulle part (Joe qui brûle les ordinateurs, Gordon et Donna qui se font agresser) pour revenir à un status quo très décevant.
La deuxième saison n'effacera pas les erreurs du passé mais elle semble bien partie pour les corriger habilement. "Seti" est un season premiere très prometteur qui déborde de bonnes idées ne demandant qu'à être correctement exploité : la start-up anarchique "dirigée" par l'excellent duo Cameron/Donna, la déconstruction habile de Cardiff Electric et des ambitions de Gordon et même un Joe qui, même si je me contrefiche de ce qui lui arrive, semble un peu moins clownesque pour le moment. Si Bosworth rejoint l'équipe Mutiny et que les scénaristes ne retombent pas dans leurs mauvais travers, il y a vraiment moyen pour que cette nouvelle aventure, désormais centré sur les débuts de l'Internet, soit passionnante. Moralité : il est parfois bon de s'infliger du pas bon car le pas bon peut devenir bon.
The Americans [Saison 3]
Comme Halt & Catch Fire n’a pas suffi à me sortir de ma déprime post-Mad Men, il a fallu sortir l’artillerie lourde. Je suis donc allé déterrer une série dont je n’avais pas regardé un seul épisode depuis février 2014. J'avais beaucoup aimé la première saison. Je n'avais aucun problème devant le début de la deuxième. Mais à cause d'un voyage, d'un planning séries très chargé et du temps qui passe, j'avais mis la série de côté. Une grave erreur : en m'y replongeant, j'ai réalisé que je ne comprenais plus rien à ce qui se passait à l'écran. Que les enjeux des relations entre chaque personnage étaient tellement complexe que je n'arrivais plus à les suivre et donc à me sentir concerné. En particulier tout ce qui concernait l'ambassade russe où tout me semblait être du chinois. C'est qui déjà Oleg, à quoi il sert ? Pourquoi Lee Tergesen est méchant déjà ? Il en est où Philip avec Martha ? J'étais totalement perdu alors j'ai abandonné comme un lâche. Tout ce dont j’avais besoin, c’était d’un previously on très complet et j’ai pu me remettre dans le bain plus facilement que prévu. Et rattraper mon retard plus rapidement que prévu. Probablement la meilleure décision que j’ai prise depuis avoir binge-watché Boardwalk Empire sur le tard.
Je vais pas mâcher mes mots : The Americans est unique en son genre et sublime. Elle réussit l’exploit de garder une qualité constante sans avoir besoin d’accélérer son rythme, de compromettre son récit ambitieux ou de sacrifier des personnages juste pour nous offrir d’éphémères frissons. Non, les frissons sont bien là pour durer car, quand une intrigue est passionnante, elle est exploitée jusqu’au bout et reste passionnante jusqu’au bout. Cela demande une très grande attention et une patience toujours récompensée. The Americans n’est pas une série d’action, c’est une étude méticuleuse des conséquences de nos actions. Plus on passe du temps en compagnie de notre couple d’espions infiltrés qui font d’horribles choses au nom de leur patrie, plus les enjeux émotionnels sont complexes et bouleversants. Plus l’attente est grande avec Paige découvrant la vérité sur ses parents, plus la révélation est une claque. Plus la relation mensongère entre Clark et Martha dure, plus celle-ci devient une figure tragique. Il n’y a pas de gentils, pas de méchants, juste des hommes et des femmes au cœur d’une guerre froide dont les enjeux sont très intime (la douloureuse mission de Philip auprès d’une jeune adolescente qu’il doit manipuler à contrecœur ou le double jeu permanent de Nina pour survivre). Et pour ne pas pleurer sans cesse ou mourir de trouille à cause de la tension permanente, la série n’oublie pas d’injecter un peu d’humour et une bonne dose de fabuleuses perruques. Des épisodes comme « Do Mail Robots Dream of Electric Sheeps » ou « Stingers » sont de petits chef d’œuvres qui restent en tête longtemps après leur visionnage.
Il faut absolument que The Americans dure suffisamment longtemps pour que les scénaristes aillent jusqu’au bout de leurs ambitions et qu’ils ne lâchent rien. Malgré l’indifférence des Emmys alors que chaque acteur livre ici sa meilleure performance, Keri Russell et Matthew Rhys en tête. Et quand débutera la quatrième saison, je serais au rendez-vous cette fois. Pour de bon.
EN VRAC / J'ai regardé le pilote de Grace & Frankie, la nouvelle série de Netflix au casting incroyable : Martin Sheen et Sam Waterston dans le rôle d'un couple qui abandonne leurs femmes respectives pour se marier et surtout, dans le duo principal, Jane Fonda et Lily Tomlin, les femmes abandonnées en question, forcées de s'unir malgré leurs différences et repenser leur vie. C'est Martha Kaufman (Friends) qui est à l'origine de ça et pour l'instant, c'est très plaisant. On n'évite pas les poncifs d'un pilote (des choses prévisibles, de l'exposition pas toujours très adroite) mais on s'amuse bien avec ces dinosaures qu'il est toujours bon d'avoir à l'écran. Ce sera toujours mieux d'avoir Fonda et Waterston ici que sous la plume de Sorkin.
Les comédies HBO du dimanche soir sont plutôt en forme, même s'il se trouve qu'elles ont signés cette semaine leur épisode le plus faible. Rien de bien inquiétant : Veep est une valeur sûr qui exploite vachement bien Hugh Laurie dans le rôle du nouveau Vice-Président et Silicon Valley poursuit avec cette deuxième saison un récit bien construit, drôle et plein de surprises.
Pendant ce temps, Children's Hospital continue d'être un excellente bizarrerie que je vous conseille toujours autant de découvrir. elle vient d'être renouvelée pour une septième saison et si ça peut convaincre les nostalgies de Parks & Rec, Nick Offerman y fait régulièrement apparition.
Et puis il y a Nurse Jackie qui termine tranquillement sa course avec une septième et ultime saison qui ne réinvente pas l'eau chaude mais continue à nous parler plutôt bien d'addiction et sait correctement exploiter des personnages qui, mine de rien, m'auront accompagnés un bout de temps et auront pas mal évolué. Le départ de Cooper était étonnement émouvant et l'ajout de Tony Shalhoub dans le rôle d'un nouveau médecin est franchement sympathique.
Voilà. Attendons sagement un été avec beaucoup de promesses : Orange is The New Black, Masters of Sex, Rectify, Review, Playing House et bien sûr... FALLING SKIES !
Lol.
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