5.06 The M Word

La construction d'un arc est souvent le même dans la série : un conflit surgit entre deux membres du clan Braverman, chacun défend sa position pendant un ou plusieurs épisodes, puis vient la résolution, souvent sous forme de réconciliation, souvent sous forme de compromis. "The M Word", c'est le moment où une partie des intrigues lancés depuis le début de la saison arrivent à maturation. 


D'abord, la querelle opposant Sarah à Amber, au sujet du mariage précipité de celle-ci avec Ryan. Il y a eu la demande (lancement de l'arc), la période où l'on digère la nouvelle, la première dispute, la distance qui s'installe pour offrir un peu de recul au deux clans (l'épisode précédent), les autres personnages qui viennent jouer les adjuvants ou pas (Ray, Ryan récemment, Drew et Camille dans cet épisode, qui ont tous su apporter du joli grain à moudre) et après une ultime confrontation, la résolution arrive à la fin de cet épisode avec cette très belle scène au petit matin. Lauren Graham et Mae Whitman font un super boulot. Et là où dans pas mal de séries, tout le cheminement que je viens de vous faire aurait eu lieu en l'espace d'un seul épisode, la team Katims sait prendre son temps pour explorer chaque facette d'une intrigue. Ainsi, le happy end est un aboutissement qui fait chaud au coeur plutôt qu'un truc forcé. 

Ce procédé, il fonctionne à condition que l'intrigue soit bonne. Sinon, la force de la série se transforme rapidement en faiblesse. Car quand les scénaristes prennent leur temps avec une intrigue un peu bancale ou qui part sur des bases peu solides, le résultat est souvent en dent de scies : les histoires de travail d'Adam en deuxième saison, Crosby qui trompe Jasmine la même année, Julia qui achète un bébé la saison suivante, le triangle amoureux concernant Sarah l'an dernier... Il y a toujours de bons moments car le casting est toujours à la hauteur et notre attachement aux personnages est très fort, mais un mauvais arc qui s'étend trop longtemps peut vraiment gâcher le plaisir ou atténuer la portée d'épisodes à qui on avaient, sans ça, rien à reprocher.

Je n'ai rien à reprocher à la conclusion de l'arc Sarah/Amber (en espérant que Lauren Graham ne soit pas cantonnée de nouveau à des intrigues romantiques pour le reste de la saison), je n'ai rien à reprocher à la semi-conclusion douce-amère de l'arc Zeek/Camille (en espérant que celle-ci ne sera pas absente trop longtemps et que son mari ne remportera pas la bataille par défaut). Je suis moins enthousiaste, vous le savez, au sujet de Kristina et Julia.


La campagne de la première est clairement le gros arc de cette première moitié de saison, le fil rouge qui ne suit pas le schéma des autres mais est sensée s'étendre plus longtemps et toucher chaque semaine à un sujet inévitable : après le financement et la corruption et avant les vilains secrets dévoilés au public et l'élection (des classiques), c'est au tour du grand débat. Monica Potter est largement à la hauteur, inclure Max est une bonne idée qu'il aurait été dommage d'évacuer, les codes habituelles de la série évoquées plus haut sont utilisées. Mais ça ne colle pas car, comme je l'expliquais il y a quelques semaines, les enjeux sont tellement démesurés par rapport au reste que le parfait équilibre de Parenthood se retrouve mis à mal.

Même en essayant de parler d'une campagne aussi peu crédible avec des élèments aussi crédibles, la série est sur une pente glissante et accumule les clichés plutôt qu'un regard juste (ce qu'il est caricatural ce Bob Little, ce qu'il était convenu ce happy end). Et ce, même en touchant à un sujet qu'elle maîtrise : la famille, les enfants, la maladie. Ce n'était pas trop mauvais mais pas ce que j'attends de la série. Et je ne sais toujours pas ce qui va se passer si Kristina remporte la bataille. Est-ce que Haddie aura le droit à un texto pour être prévenue que sa mère est devenue maire de Berkeley ? 


Les problèmes de couple entre Julia et Joel sont plus ancrés dans les thèmes habituelles mais là, c'est plutôt un problème de narration. Car comme je l'ai également déjà rabâchée, on a affaire à quelque chose de bien trop prévisible. Alors quand en plus, le hasard est gros comme une maison (bien sûr que Julia frappe à la porte d'Ed), j'ai du mal à ne pas lever les yeux au ciel. Encore une fois, les acteurs s'en sortent en merveille, Denman s'intègre parfaitement au décor et il y a de chouettes moments d'alchimie entre le cast (tout comme la semaine dernière avec Joel bourré). Mais j'ai envie que ça passe à la vitesse supérieure sans que ce soit trop forcé. Un numéro d'équilibriste, certes, mais je sais que les scénaristes en sont capable alors, un peu d'effort. 

Et puis, juxtaposée aux arcs en cours et l'intrigue bancale de la semaine, il y a souvent une histoire tertiaire bien menée, plus légère et toujours bienvenue. Ici, c'est Crosby dans une énième variation sur le thème de "je suis un père mais j'ai moi-même du mal à grandir". L'occasion de nous montrer une Jasmine plus décontractée, un Jabbar toujours si adorable et d'utiliser le groupe jouant au Luncheonette comme une joyeuse bande de personnages secondaires récurrents. Je me serais passé des comparaisons du mini-van à un vagin, mais à part ça, c'était fun. 


Fil rouge courant sur toute la saison, arcs à la construction ciselée et B-story bien foutue : Parenthood, c'est toujours la même chose. Et c'est aussi ce qui fait qu'on l'aime : elle est réconfortante et peut durer aussi longtemps qu'elle le veut et qu'on continuera à la regarder. 

Braverman Of The Week : Camille pour ses bons conseils habituels et sa décision. Max pour son soutien à sa mère. Et parce que je ne peux pas voter pour Amber toutes les semaines tout de même...

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